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Comment les chasseurs gèrent les populations de faisans ?

Faisan, suspension du prélèvement des femelles pour revenir aux populations naturelles

Au cours des dernières décennies, la gestion du faisan a subi des changements radicaux qui ont entraîné un déclin de la population et une présence territoriale fragmentée, tant dans l’espace que dans le temps. Les tentatives éparses de maintenir et d’entretenir des populations sauvages stables sont devenues de plus en plus rares et ont cédé la place à une gestion visant uniquement à maintenir un grand nombre d’individus présents dans la zone uniquement pendant la saison de chasse.

Les limites de la gestion actuelle du faisan

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Actuellement, la plupart des organismes de gestion choisissent de lâcher un grand nombre de faisans à partir du mois d’août. On s’attendrait à ce que de tels repeuplements à grande échelle entraînent une forte augmentation du nombre de chasseurs, un résultat qui est rarement atteint, comme en témoignent les nombreuses études réalisées sur des interventions de ce type. De plus, il faut considérer que dans ces cas la survie des individus relâchés est particulièrement faible, en France des taux de mortalité durant la première année après le relâchement d’individus élevés variant entre 79% et 93% ont été trouvés (Gindre, 1974). Si vous souhaitez en savoir plus sur la chasse alors cliquez ici !

Bien évidemment, ces chiffres sont très dépendants de la qualité des individus utilisés, de la densité des prédateurs et de la vocation du territoire, mais on peut imaginer que si l’objectif est de lâcher un maximum de faisans, les spécimens ne seront guère choisis pour leur qualité. Aussi parce que les chasseurs ont tendance à élever la voix lorsqu’ils sont confrontés à l’absence de grandes quantités de gibier dans la région, et que les plaintes incitent les responsables à augmenter les effectifs au détriment de la qualité et de la prévoyance.

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Une solution alternative qui ne demande qu’un petit sacrifice

Les solutions et les interventions possibles à ce problème de longue date sont nombreuses, et non seulement elles mériteraient de nombreux articles pour être traitées en détail, mais elles nécessiteraient un changement radical de mentalité et d’objectifs dans la gestion de la faune, et spécifiquement de cette espèce.

Nous souhaitons donc nous concentrer sur une seule intervention qui a déjà été expérimentée dans certains pays étrangers, en premier lieu les États-Unis, et qui s’inspire de la biologie du faisan. Chez cette espèce, pendant la saison de reproduction, les mâles forment des harems d’un nombre variable de femelles qui choisissent l’individu dominant pour ses qualités défensives et pour la richesse des ressources du territoire occupé. En outre, il faut considérer qu’au printemps et en été, les jeunes et les femelles présentent un taux de mortalité d’environ 50%, un phénomène qui tend à éliminer les reproducteurs du territoire dans la période même où ils pourraient augmenter la population.

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Pour ces raisons, dans plusieurs états américains, seuls les spécimens mâles sont prélevés, avec une incidence de 70% sur les effectifs d’automne (Cocchi & Riga & Toso, 1998). Cela permet à un plus grand nombre de femelles de survivre jusqu’à la saison de reproduction suivante.

Les risques de cette intervention et comment les surmonter

L’interdiction ou la réduction drastique du prélèvement des femelles ne donnera peut-être pas les résultats escomptés, surtout si elle n’est pas accompagnée d’autres mesures ciblées telles que l’amélioration de l’environnement, un repeuplement soigneux et consciencieux et la lutte contre les prédateurs ; mais le monde de la chasse donnerait certainement un grand signal à toutes les autres catégories plus ou moins impliquées dans la gestion de la faune.

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Ce qui est certain, c’est que la présence, après quelques années, d’une population sauvage et autosuffisante rembourserait largement le sacrifice de voir ses propres effectifs réduits, permettant une activité cynégétique plus conforme à l’éthique qui guide cette passion depuis des siècles.

Comme beaucoup d’interventions qui modifient le cycle biologique normal d’une population, dans ce cas en déséquilibrant la balance entre les sexes, cela présente aussi certains risques et certains aspects à contrôler. La première d’entre elles est le fait que l’augmentation artificielle du nombre de femelles présentes sur le territoire risque d’abolir a priori la sélection par laquelle s’établit dans la nature le classement de l’accès aux ressources disponibles et à la reproduction, avec le risque inévitable d’une réduction progressive de la qualité moyenne de la population. Toutefois, cet aspect ne se poserait qu’à un stade ultérieur, lorsque la population naturelle aura acquis son autonomie, et pour éviter ce risque, un très faible nombre de femelles pourrait être prélevé à un stade ultérieur.

En outre, il a été constaté qu’une forte densité de femelles peut entraîner une diminution de la production moyenne de poussins, ce qui est contre-productif à long terme (Hill et Robertson, 1988), mais il s’agit là aussi d’un problème qui ne se pose qu’en présence d’une population importante et solide, situation qui est loin d’être actuelle dans notre pays.

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Un petit début qui pourrait amorcer un grand changement

Toutefois, il est essentiel de souligner que ce type de réflexion n’est pertinent que dans la gestion à moyen et long terme de populations en situation naturelle ou relativement peu perturbée, ce qui n’est pratiquement jamais le cas pour les faisans, dont la qualité des populations est largement déterminée par l’introduction massive et régulière d’animaux de reproduction.

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Comme indiqué plus haut, ce qu’il faut changer avant qu’il ne soit trop tard, c’est l’approche de la gestion de cette espèce et les objectifs qui sont fixés. Des restrictions sur le prélèvement des faisans femelles pourraient nous permettre d’avoir des populations stables dans tout le pays, ce qui permettrait d’économiser de l’argent qui pourrait être investi dans d’autres mesures de gestion bien plus utiles et éthiquement acceptables que le repeuplement par la chasse.